Sommet du G20 pour les riches en dehors des Nations Unies

Journal Akhbar Al-Youm : Numéro 3345

Un sommet virtuel du Groupe des vingt (G20), composé des 19 pays les plus avancés plus l’Union européenne, s’est récemment tenu. En réalité, ce groupe représente les pays riches qui dominent environ 85 % du commerce mondial et se réunissent chaque année pour définir et orienter les politiques économiques, financières et sociales mondiales, et non pas pour la consultation et la coordination comme ils le prétendent.

Il convient de rappeler qu’un débat mondial organisé par des organisations non gouvernementales s’est tenu à Dakar en 2011, incitant les pays et les peuples du tiers-monde à s’opposer aux actions de ce rassemblement dominant. Celui-ci a en fait été créé pour neutraliser le rôle des institutions spécialisées des Nations Unies dans le développement, qui avaient autrefois accompli leurs missions avec une efficacité remarquable, notamment au milieu des années 1970.

Pendant cette période dorée de coopération multilatérale, initiée après la guerre d’octobre 1973 et accompagnée par l’augmentation des prix du pétrole et des matières premières, principalement exportées par les pays pauvres ou en voie de développement, ces institutions onusiennes, qui garantissaient aux pays pauvres le droit de défendre leurs intérêts, avaient organisé des rencontres mondiales intensives. Ces rencontres ont conduit à l’idée de créer un “nouvel ordre économique international”, une idée que les pays développés n’ont accepté de négocier qu’à contrecœur et sous la pression du Mouvement des non-alignés, alors à l’apogée de son influence. Ce mouvement a souvent soutenu les revendications des pays en développement, qui étaient au nombre de 125 à l’époque.

La première étincelle de ce vaste travail est née d’une réunion des pays producteurs de matières premières essentielles, qui s’est également tenue à Dakar en 1974. Le Maroc, en tant que producteur et exportateur de phosphates, y a participé avec une délégation importante dont je faisais partie. La demande principale était la création d’un nouvel ordre mondial chargé de fixer les prix de ces matières premières avec la participation de toutes les parties concernées, et non selon les prix déterminés par les marchés de Londres en fonction de l’offre et de la demande, sans tenir compte des coûts de production ni des besoins de développement des producteurs.

De nombreuses réunions ont été organisées entre 1974 et 1979 autour de cette revendication principale, dans diverses capitales mondiales où se trouvent les sièges des organisations des Nations Unies, telles que la Conférence des Nations Unies sur le commerce et le développement à Genève, l’Organisation des Nations Unies pour le développement industriel à Vienne, et la Quatrième Commission chargée du développement économique et social à New York. De nombreuses réunions de coordination régionales ont également été organisées entre les pays du tiers-monde pour unifier leur position et présenter leurs revendications aux groupes de pays développés, classés par le système des Nations Unies comme le groupe “B”.

À cette époque, j’étais directeur de cabinet du ministre du Commerce, de l’Industrie, des Mines, de l’Énergie, de la Pêche et de la Marine marchande, M. Abdelatif Ghassassi, et je représentais le Maroc dans la plupart de ces réunions intensives, qui se tenaient à un rythme soutenu, à raison de deux réunions tous les mois. Je voyageais d’un continent à l’autre pour participer à ces réunions ministérielles (Pérou, Mexique, Argentine, Nations Unies à New York, Philippines, Sri Lanka, Kenya, Zaïre, Sénégal, Algérie, Addis-Abeba, Genève, Vienne…).

Nous étions très enthousiastes à l’idée de ce travail colossal, à travers lequel nous espérions imposer un nouvel ordre international permettant à nos pays producteurs de matières premières de contrôler la fixation des prix de ces matières en coordination avec les pays consommateurs. Cependant, malheureusement, ces revendications sont restées sans résultat significatif. Aujourd’hui, le Groupe des vingt, composé uniquement des pays riches, contrôle la plupart des décisions, en l’absence totale de représentants des pays en développement.

Un ancien ambassadeur