L’histoire de trois talents du football marocain

Journal Akhbar Al-Youm

J’ai été profondément attristé d’apprendre la récente maladie du talentueux Mohamed Timoumi, et j’ai décidé de partager ce témoignage que je garde précieusement depuis près de quarante ans.

Vers la fin de l’année 1983, M. Valente, entraîneur de l’équipe nationale marocaine, m’a rendu visite à mon bureau à Rio de Janeiro, au Brésil, juste après son retour du Maroc. Il m’a annoncé qu’il avait décidé de mettre fin à ses fonctions de sélectionneur et entraîneur de notre équipe nationale. J’avais joué un rôle clé dans son engagement, en le proposant aux autorités marocaines et en l’accompagnant lors de sa première visite au Maroc après avoir discuté des termes du contrat qu’il avait signé avec la Fédération royale marocaine de football.

Valente est l’homme qui a construit l’ossature de notre équipe nationale extraordinaire qui a participé à la Coupe du Monde de 1986 au Mexique sous la direction du regretté Mehdi Faria.

À cette époque, je travaillais à Rio de Janeiro comme conseiller économique à l’ambassade du Maroc, et je n’avais pas beaucoup d’informations sur notre équipe nationale en raison de la rareté des informations auxquelles j’avais accès. Je lui ai donc demandé de me parler des membres de cette équipe qu’il avait formée en moins de quatre mois, et avec laquelle il avait remporté la médaille d’or aux Jeux méditerranéens organisés au Maroc en 1983, un exploit remarquable malgré les obstacles et les difficultés auxquels il a fait face de la part des responsables. Cet environnement l’a poussé à fuir, oui, à fuir le Maroc et à venir directement m’informer, disant : “C’est une équipe incroyable qui possède de jeunes talents rares capables de briller sur la scène mondiale.”

Devant ma surprise, il ajouta : “Je sais que vous êtes membre de l’association ‘Supporters de Flamengo’, l’équipe exceptionnelle qui a récemment remporté la Coupe du Monde des Clubs. Vous savez aussi que j’étais l’entraîneur adjoint de cette équipe dorée qui comprenait les piliers de l’équipe nationale brésilienne ayant participé à la Coupe du Monde 1982 en Espagne, comme Zico, Junior, et Leandro. Et vous savez aussi qu’à la même époque, j’enseignais le football à l’université de Rio de Janeiro jusqu’à mon départ pour le Maroc. Eh bien, je vous le dis : dans votre équipe nationale actuelle, il y a au moins trois joueurs qui pourraient jouer comme titulaires, non comme remplaçants, dans l’équipe de Flamengo.”

C’était un discours difficile à croire, car à l’époque, la renommée de Flamengo rivalisait avec celle du Barça sous Guardiola. Imaginez la portée de ce témoignage concernant des joueurs marocains évoluant dans un cadre non professionnel. Mais qui étaient ces trois joueurs talentueux que M. Valente considérait parmi les meilleurs au monde ?

Il s’agissait des brillants Mohamed Timoumi, Badou Zaki, et Aziz Bouderbala.

Je ne les connaissais pas bien à ce moment-là, car je n’avais pas eu l’occasion d’assister à l’un de leurs matchs, étant à l’étranger. Mais après la fin de ma mission au Brésil, j’ai suivi leurs carrières. Timoumi a remporté le Ballon d’Or africain en 1985, Badou Zaki l’a remporté l’année suivante, et Bouderbala a été classé deuxième meilleur joueur d’Afrique la même année, juste derrière son coéquipier Badou Zaki.

Ils ont eu une participation remarquable avec notre équipe nationale au Mexique en 1986, où ils ont dépassé toutes les attentes. L’équipe a atteint le deuxième tour en tête de son groupe, composé de l’Angleterre, de la Pologne et du Portugal, un exploit inédit pour une équipe arabe, africaine ou asiatique, qui pourrait rester inégalé sur le long terme. Le gardien Badou Zaki s’y est distingué au point d’être choisi dans l’équipe type de cette Coupe du Monde.

En suivant les matchs de qualification, où notre équipe nationale a fait match nul avec l’Angleterre et la Pologne, et a remporté une victoire éclatante contre le Portugal par trois buts à un, je me suis rappelé ce précieux témoignage de Valente concernant ces trois joueurs, que j’ai gardé en mémoire pendant quatre décennies. Je le transmets aujourd’hui à eux, à leurs fans, et à leurs admirateurs, en particulier à M. Mohamed Timoumi, dont la maladie m’a profondément attristé. Puisse Dieu le guérir et prolonger sa vie.

Pour plus d’informations sur la formation de cette équipe et sur cette période, consultez l’interview détaillée publiée dans le même journal intitulée “Mon histoire avec Faria”, également disponible sur mon compte personnel.

https://drissghalikettani.com/faria

إدريس الكتاني
سفير سابق