Mon histoire avec Entraineur Faria – Le dernier épisode

Al-Kettani : Faria a signé un contrat pour entraîner l’équipe nationale et les FAR, réalisant ainsi les plus grands succès

Idriss Al-Kettani, ambassadeur et conseiller économique au Brésil au début des années 1980, révèle pour la première fois à Akhbar Al-Youm des détails fascinants sur la mission que lui a confiée Hassan II pour trouver un entraîneur brésilien pour l’équipe nationale marocaine de football, ainsi que les complications qui ont accompagné cette tâche.

Faria a-t-il proposé lui-même de devenir l’entraîneur de l’équipe nationale ?

– Oui, au début, je n’en croyais pas mes oreilles et j’ai demandé à M. Vieira de confirmer ce que Faria avait dit. Les choses avaient changé du tout au tout. Il était venu pour entraîner l’équipe des FAR et avait refusé de rester, et maintenant, il posait comme condition pour rester de prendre en charge l’équipe nationale. Je l’ai donc ramené à l’hôtel et je suis allé voir le ministre Semlali le lundi suivant pour l’informer de ce qui s’était passé. J’ai proposé que M. Faria entraîne à la fois l’équipe des FAR et l’équipe nationale, puisque M. Valente avait définitivement quitté le pays. Il s’est avéré que cette solution convenait également au ministre et à la fédération, car elle permettait de couvrir le départ de Valente. J’ai donc suggéré que le contrat de Faria soit pour les deux équipes, les FAR et l’équipe nationale, et que Faria s’engage à rester au Maroc pendant quatre ans avec pour objectif de qualifier notre équipe nationale pour la Coupe du Monde de 1986 au Mexique. Le ministre a accepté sans hésitation, Faria a signé le contrat, et je l’ai laissé pour retourner au Brésil. Depuis, je ne l’ai plus revu jusqu’à ce que j’apprenne sa mort en 2013, qu’il repose en paix.

La génération actuelle se souvient des réalisations d’Henri Michel avec l’équipe marocaine lors de la Coupe du Monde 1998, et aujourd’hui de celles d’Hervé Renard en Russie, mais peu de cette génération connaissent les exploits de feu Mehdi Faria avec notre équipe nationale. Pouvez-vous résumer les principales réalisations de cet entraîneur brésilien ?

– Ce que feu Faria a accompli avec notre équipe nationale lors de la Coupe du Monde 1986 au Mexique est sans précédent. L’équipe a atteint le deuxième tour et a terminé en tête de son groupe composé de l’Angleterre, de la Pologne et du Portugal. Elle a battu le Portugal 3-1 après avoir fait match nul avec la Pologne et l’Angleterre. Notre équipe n’a perdu contre l’Allemagne de l’Ouest en huitièmes de finale que dans les dernières minutes du match, sur un coup franc suite à une erreur de placement du mur défensif, et l’équipe allemande a ensuite remporté la Coupe du Monde. Je ne pense pas qu’il y ait une équipe arabe, africaine ou asiatique qui puisse espérer dominer son groupe en Coupe du Monde de sitôt, comme l’a fait notre équipe nationale avec feu Faria il y a plus de trois décennies. Mehdi Faria, qui a réalisé cet exploit sans précédent, a également dirigé l’équipe des FAR, avec laquelle il a remporté pour la première fois la Coupe d’Afrique des clubs champions en 1985, ainsi que le championnat national en 1986 et 1988, et la Coupe du Trône à trois reprises consécutives. Y a-t-il un autre entraîneur de football qui ait réussi à atteindre de tels résultats dans l’histoire du football marocain ?

Que pouvez-vous dire en conclusion de cette interview ?

– Je dirais que la Fédération Royale devrait prendre soin de la famille de feu Faria. J’ai récemment appris qu’il vivait dans des conditions difficiles dans les dernières années de sa vie avant sa mort en 2013, en vivant de sa pension qu’il recevait d’une entreprise brésilienne. Est-il concevable que sa famille marocaine soit aujourd’hui dans le besoin et que son fils soit au chômage ? Est-ce ainsi que nous remercions ceux qui ont été fidèles à ce pays ? Imaginez toutes les offres qu’il a reçues de plusieurs pays après ses réalisations sans précédent lors de la Coupe du Monde de 1986 au Mexique, mais il a préféré rester dans son deuxième pays, le Maroc, où il a obtenu la nationalité. Il est vrai que feu Faria ne s’intéressait pas à l’aspect financier, comme je l’ai expliqué précédemment, et que Hassan II avait demandé de ses nouvelles un an avant sa mort et avait donné des instructions pour qu’il soit pris en charge, mais où en est le résultat ? Bien sûr, il y a beaucoup de données et d’observations que je n’ai pas partagées dans ce récit des événements, soit parce qu’elles ne se prêtaient pas au contexte de la conversation, soit en raison de l’oubli de certains détails que je n’ai pas évoqués dans mes réponses sur des événements qui se sont produits il y a plus de trente-six ans. Je présente également mes excuses si certaines informations ne sont pas exactes ou ont été rapportées hors de leur contexte, et je suis prêt à enregistrer toute remarque de la part de ceux qui ont vécu cette période ou de ceux qui ont des questions supplémentaires, auxquelles je m’engage à répondre autant que possible via mon adresse e-mail personnelle : drisskettani2004@yahoo.fr.

Journal “Akhbar Al-Youm”, jeudi 10 août 2018