Mon histoire avec Entraineur Faria – Épisode 15

Al-Kettani : Valente a découvert Timoumi, Hadawi et Bouderbala

Valente a-t-il réussi à convaincre les responsables de la Fédération d’organiser un entraînement entre l’équipe nationale et l’équipe espoir ?

– Oui, il a pu les convaincre en se référant à une clause de son contrat avec la Fédération, qui lui confiait également la supervision de l’équipe espoir. Ainsi, cet entraînement a eu lieu, et il n’a fallu que 30 minutes pour que Valente remarque le talent de certains joueurs de cette jeune équipe. Il m’a parlé de plusieurs numéros qui avaient attiré son attention, dont le numéro 7, Hadawi, et le numéro 4, qui était porté par le joueur Biyad. Avant le début de la seconde mi-temps, Valente a demandé aux représentants de la Fédération de noter environ cinq joueurs de cette équipe et de les intégrer dans l’équipe nationale, insistant pour qu’ils participent au prochain match en Afrique. Cependant, un responsable de la Fédération a refusé en prétextant qu’il n’y avait pas assez de temps pour préparer les visas de voyage. Valente a répondu : « Cela ne me concerne pas, je ne voyagerai qu’avec eux. » Ils ont donc dû contacter le ministre Semlali, et finalement, ils ont accepté à contrecœur leur départ. Ces joueurs ont joué avec l’équipe, qui est revenue avec une victoire. Selon ce que Valente m’a rapporté, une sorte de guerre froide s’est déclenchée entre lui et les membres de la Fédération dès leur retour au Maroc, ainsi qu’avec le ministre, qui ne lui parlait plus que formellement. Quant à feu Doumou, un membre influent de la Fédération, il a même cessé de le saluer.

Quels ont été les plus grands succès que Valente a accomplis avec l’équipe nationale ?

– Les Jeux Méditerranéens, organisés cette année-là au Maroc, ont été l’événement sportif le plus important pour le pays, avec de nombreuses disciplines, mais c’est le football qui attirait toute l’attention. L’équipe nationale de football a réussi à remporter la médaille d’or, malgré la présence d’équipes renommées, comme la France, l’Italie, la Grèce, l’Espagne, l’Égypte, les pays du Maghreb, et la Turquie, contre laquelle le Maroc a joué en finale. Les responsables ne s’attendaient pas à ce que cette équipe, composée principalement de jeunes joueurs, dépasse les phases éliminatoires. Ce qui est étonnant, c’est qu’après la victoire en finale, d’après ce que Valente m’a raconté, certains responsables, dont M. Doumou, membre de la Fédération, ont même refusé de lui adresser leurs félicitations, comme s’ils avaient préféré que l’équipe soit éliminée dès les premiers tours pour prouver que leur opinion était la bonne, alors que tout le monde le félicitait pour cette victoire.

Valente vous a-t-il parlé du niveau des joueurs de l’équipe nationale ?

– Bien sûr. Lorsque je lui ai demandé son avis sur le niveau de l’équipe nationale et de ses joueurs, car je n’avais jamais eu l’occasion de voir un de leurs matchs en raison de ma présence au Brésil, sa réponse a été très intéressante. Il m’a dit avec fierté qu’il avait laissé derrière lui une équipe qui allait étonner le monde par ses compétences et ses capacités exceptionnelles. Il a ajouté, et c’est un témoignage que je rapporte pour la première fois : « Il y a au moins trois joueurs dans cette équipe qui pourraient jouer en tant que titulaires dans l’équipe de Flamengo », qui était à l’époque la meilleure équipe du monde et comptait cinq stars de l’équipe nationale brésilienne. Quand je lui ai demandé qui étaient ces joueurs, il m’a répondu : « Zaki, Timoumi et Aziz Bouderbala. » C’est un témoignage remarquable sur ces joueurs, qui n’ont pas toujours été reconnus à leur juste valeur. Les propos de Valente ont été confirmés trois ans plus tard, lorsque ces trois joueurs ont participé à la Coupe du Monde au Mexique en 1986, en se distinguant par leur niveau élevé. D’ailleurs, le gardien national, Badou Zaki, a été sélectionné dans l’équipe type de ce tournoi.

Quelle a été la réaction de la Fédération face à la “fuite” de l’entraîneur ? L’ont-ils poursuivi en justice ou ont-ils trouvé un accord ?

– La Fédération savait que si elle protestait contre le départ de Valente et la rupture de son contrat, il pourrait rendre public des informations négatives à leur sujet, ce qui pourrait compliquer leur relation avec Hassan II, surtout après que le roi leur avait retiré la responsabilité de trouver un entraîneur brésilien, comme mentionné précédemment.

Journal “Akhbar Al-Youm”, mercredi 25 juillet 2018