Mon histoire avec Entraineur Faria – Épisode 23

Al-Kettani : Un match amical entre l’équipe nationale et le Paris Saint-Germain a convaincu Faria de rester au Maroc

Idriss Al-Kettani, ambassadeur et conseiller économique au Brésil au début des années 1980, révèle pour la première fois à Akhbar Al-Youm des détails fascinants sur la mission que lui a confiée Hassan II pour trouver un entraîneur brésilien pour l’équipe nationale marocaine de football, ainsi que les complications qui ont accompagné cette tâche.

Comment Faria est-il finalement devenu l’entraîneur de l’équipe nationale ?

– Il y a eu une surprise. J’étais sorti avec Faria et Vieira pour visiter quelques sites de Rabat. Lorsque je suis revenu à l’hôtel deux jours plus tard, M. Vieira, le préparateur physique de l’équipe nationale, m’a informé que le ministre les avait convoqués et avait proposé à M. Faria de rester une semaine de plus au Maroc pour assister à un match amical qui se déroulerait le dimanche suivant au stade Moulay Abdellah de Rabat, entre l’équipe nationale et l’équipe française du Paris Saint-Germain. Vieira m’a dit que le ministre Semlali leur avait également annoncé que Sa Majesté le Roi assisterait au match, qui n’était pas prévu, et qu’il pourrait demander des nouvelles de M. Faria. Le ministre a ajouté qu’il souhaitait simplement que Faria assiste à ce match et qu’il pourrait partir après une semaine supplémentaire passée au Maroc.

Faria a-t-il accepté ?

– Il a refusé catégoriquement. Faria a dit que le Paris Saint-Germain gagnerait sans aucun doute et qu’il ne voulait pas être tenu responsable d’une défaite, d’autant plus qu’il ne connaissait même pas les joueurs de l’équipe nationale. J’ai demandé à Vieira pourquoi Faria était si sûr que l’équipe nationale perdrait, et il m’a répondu qu’il ne savait pas, peut-être à cause de la réputation de l’équipe française. L’important est qu’il a refusé et a convaincu le ministre de cela. J’ai alors proposé à Vieira que, si la principale inquiétude de Faria était que son nom ne soit pas mentionné dans les journaux, je lui garantissais que personne ne saurait qu’il avait assisté au match. Je lui ai dit que je viendrais avec la voiture d’un de mes proches, que nous irions ensemble au stade et que nous regarderions le match parmi les spectateurs, puis que je les ramènerais à l’hôtel, et que nous repartirions pour Rio à la fin de la semaine. J’ai ajouté que ce serait l’occasion de se faire une idée du niveau de l’équipe nationale, car je n’avais moi-même jamais assisté à l’un de leurs matchs. Je ne sais pas comment Vieira a réussi à convaincre Faria d’accepter cette idée, mais après une longue discussion en portugais entre eux, Faria a finalement accepté ma proposition, après que je lui ai assuré que personne ne saurait qu’il avait assisté au match.

Quelle est l’histoire de ce match amical ?

– Ce que j’ai compris à l’époque, c’est que l’organisation de ce match avait un caractère purement politique. En 1983, il y avait un différend entre François Mitterrand, président de la République française, et Hassan II, car ce dernier avait soutenu la candidature de Valéry Giscard d’Estaing aux élections présidentielles que ce dernier avait perdues en mai 1981, ce qui avait contrarié Mitterrand. La relation entre Mitterrand et le palais royal s’était détériorée jusqu’à ce que Mitterrand visite le Maroc à la fin de cette année-là. Jacques Chirac, qui était alors maire de Paris, souhaitait rencontrer Hassan II de manière informelle, d’où l’idée de ce match, programmé seulement quelques jours avant sa tenue, sous prétexte qu’il s’agissait d’un match amical pour marquer l’inauguration du complexe sportif Moulay Abdellah. C’est ma lecture personnelle des raisons de ce match, dont le ministre Semlali lui-même n’était pas au courant lorsque nous l’avons rencontré, c’est-à-dire le lundi précédent. Ainsi, le football, en raison de sa popularité, a toujours été et reste un outil pour les politiciens pour atteindre divers objectifs.

Revenons à Faria, comment s’est passée l’entrée au complexe sportif ?

– Tout s’est déroulé comme je l’avais proposé. J’ai emprunté une petite voiture à la sœur de mon épouse et nous nous sommes rendus au stade. Le problème étrange auquel nous avons été confrontés était que nous avons été empêchés d’entrer par l’entrée arrière, car nous ne disposions pas d’une invitation de la Fédération royale. Cependant, alors que nous étions bloqués à l’entrée, l’un des responsables, qui passait par là, a remarqué notre voiture et a reconnu M. Vieira. Il nous a immédiatement demandé de le suivre à l’intérieur. Nous nous sommes assis parmi les invités, et personne n’a remarqué notre présence. Nous avons regardé le match avec une admiration qui a dépassé ce que nous imaginions. L’équipe nationale marocaine a remporté le match 2-0. Je me souviens que Bouderbala, Timoumi, Zaki, Haddaoui, Biaz, Khalifa, et d’autres ont participé au match. Lorsque nous avons quitté le stade et que nous étions dans la voiture, à peine quelques mètres après avoir quitté l’enceinte du stade, une surprise s’est produite. J’ai demandé à Vieira : « Que pense M. Faria de notre équipe nationale ? », et la réponse de Faria en portugais a été : « Si on me permet de former cette équipe, je resterai au Maroc. »

Journal “Akhbar Al-Youm”, mercredi 9 août 2018